Le terme « colique » regroupe différents symptômes mais désigne spécifiquement une douleur d’origine abdominale chez le cheval. Les causes sont multiples, le plus fréquemment d’origine digestive.
Cette affection est la cause du plus grand nombre de décès chez le Cheval. Le pronostic est très variable car il est fonction de l’affection causale sous-jacente.
Cependant, seuls 10% des cas nécessitent un recours à la chirurgie ou sont fatals. La plupart rétrocèdent spontanément ou grâce à un simple traitement médical.
Comment reconnaitre une colique ?
Un cheval qui présente de l’abattement, reste plus couché que la normale, refuse de manger, se regarde les flancs, gratte, se roule de façon violente et/ou répétée, présente des signes couramment évocateurs de colique. En règle générale, l’intensité des symptômes est proportionnelle à l’intensité de la douleur.
Que faire dans l’immédiat ?
En cas de d’inconfort abdominal modéré, les coliques peuvent être traitées de manière conservative dans un premier temps. Retirez tout accès à la nourriture (ou mettez un panier de jeune) et faites marcher votre cheval en main. Si les symptômes ne disparaissent pas, contactez votre vétérinaire car le succès du traitement médical est conditionné par la précocité de la mise en œuvre.
En cas de coliques violentes, de sudation, de ballonnement, contactez votre vétérinaire immédiatement !
Dans quel cas un cheval doit-il être opéré de coliques ?
C’est fonction de la cause et de la sévérité de la colique. Des analgésiques ou sédatifs sont dans un premier temps administrés par votre vétérinaire afin de soulager le cheval jusqu’au rétablissement de la motilité intestinale. Des perfusions intraveineuses peuvent également être mises en œuvre afin de corriger la déshydratation et de ramollir le contenu intestinal, en association avec des laxatifs. Enfin, en cas de non résolution de la douleur ou d’aggravation, une chirurgie peut être nécessaire.
Si mon cheval doit être opéré de colique, comment cela va-t-il se passer exactement ?
Lorsque la décision d’aller en chirurgie est prise, le cheval est rapidement pris en charge par notre équipe :
Pose d’un cathéter : indispensable pour les injections liées à la chirurgie et pour les perfusions et médicaments en post-opératoire.
Tranquillisation du cheval : elle permet de diminuer l’anxiété du cheval afin qu’il soit parfaitement relaxé au moment où on réalise l’injection pour l’endormir (induction).
Induction : le cheval est endormi à l’aide d’une injection faite dans le cathéter, dans une salle capitonnée spécialement conçue pour que le cheval se couche le plus en douceur possible. Il est ensuite transporté dans le bloc chirurgical.
Chirurgie à proprement parler : Les chirurgies de colique sont des interventions longues (entre 2 et 5h) qui requièrent une grande technicité du chirurgien et un personnel important (environ 4 personnes : un chirurgien et son assistant, un anesthésiste et un infirmier). Suite à une préparation aseptique de l’abdomen et la mise en place des champs opératoires, le chirurgien (assisté par un assistant) pratique une incision longitudinale au niveau de la « ligne blanche » (sous le ventre). Cela permet de palper et d’extérioriser une grande partie des organes abdominaux. Le chirurgien peut être amené à pratiquer différentes opérations qui vont de la « simple » remise en place d’une portion d’intestin déplacée, en passant par la vidange voire le retrait intégral d’une portion intestinale. Certaines anomalies lorsqu’on y remédie rapidement sont de très bon pronostic, d’autres sont en revanche de pronostic réservé malgré le recours à la chirurgie.
Réveil : les chevaux opérés de colique sont réveillés dans une salle capitonnée et sont soutenus à la tête et à la queue à l’aide de longes au moment où ils se lèvent.
Mon cheval vient d’être opéré de colique. Et après ?
Une fois bien réveillés les chevaux sont conduits à leur box et restent en soins intensifs en moyenne 2 à 5 j. Ils sont placés sous perfusions, reçoivent des médicaments antibiotiques et anti inflammatoires et des examens cliniques rapprochés sont effectués. L’évolution clinique du cheval durant cette période est capitale.
À l’issue de cette étape « décisive », le cheval est gardé sous surveillance pendant en moyenne 5j supplémentaires. Durant cette période le pansement est changé régulièrement et le cheval est réalimenté avec des quantités progressives de foin et de granulés.
Lorsque le cheval est jugé apte à rentrer chez lui, un compte-rendu complet stipule les instructions à suivre par la suite. Le propriétaire dispose de tous les conseils nécessaires à une bonne gestion postopératoire : médicaments, activité, alimentation, soins…etc.
La convalescence suite à une chirurgie de colique peut paraitre longue. Cela est en partie dû au fait que la cicatrisation complète de la plaie abdominale prend plusieurs mois et donc que pendant cette période les chevaux ne peuvent être mis en liberté ou travaillés. Les chevaux mettent également plusieurs semaines à reprendre le poids perdu pendant l’épisode d’hospitalisation, période durant laquelle une période de jeun partiel plus ou moins longue a dû être observée.
Quelles sont les principales complications à court terme liées aux chirurgies de colique ?
Comme toutes chirurgies, les coliques peuvent présenter des complications immédiates ou différée. La plus fréquente est l’iléus de l’intestin grêle (lorsque le transit ne reprend pas), mais est difficile d’estimer sa probabilité.
L’objectif d’un bon chirurgien de colique est d’avoir un cheval vivant et en bonne santé 1 an après la chirurgie et toutes nos décisions sont prises en fonction de cet objectif.
Un cheval opéré judicieusement est ne présentant pas de complications immédiates après la chirurgie sera très souvent un animal sain ne présentant pas plus de risque qu’un autre de refaire des coliques et pouvant performer à son niveau antérieur.
Quelles préventions sont envisageables ?
De nombreux facteurs, certains propres à chaque cheval, peuvent favoriser les coliques et leur maitrise totale est impossible. Néanmoins, l’application d’un certain nombre de règles d’hygiène alimentaire et de management notamment, peut aider à limiter leur incidence.
Ainsi, la ration doit être distribuée en plusieurs repas, à heures fixes et comprendre une quantité suffisante de fourrage de bonne qualité. De même, les concentrés ne doivent pas excéder 50% de la ration. Enfin, un programme de vermification raisonné doit être respecté.
Dois-je assurer mon cheval pour les interventions chirurgicales de colique ?
Le risque qu’un cheval fasse une colique qui nécessite le recours à une chirurgie est plutôt faible (en moyenne 1 cheval sur 100 sur une période d’un an). Cela-dit, lorsque cela se produit, le coût associé est élevé (entre 8 000 et 10 000 euros). C’est pourquoi il est préférable de s’assurer pour le risque « interventions chirurgicales de colique ».